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Page:Sacher-Masoch - La Czarine noire et autres contes sur la flagellation, 1907.djvu/190

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L’AMOUR CRUEL

rés comme des blaireaux. Les huttes construites avec des branches de bouleaux mêlées d’argile et couvertes de chaume, du misérable petit hameau, se serraient autour de la seigneurie, de l’église et de l’auberge. La première se distinguait des demeures des paysans, par sa charpente en bois, couverte en bois et crépie intérieurement et extérieurement à la chaux, de même que les granges, les écuries et les étables, le tout, entouré d’une haie imposante.

L’église, aussi, était en bois, avec ses trois tours grecques et le petit presbytère se collant à elle. En face l’église, l’auberge rivalisait de luxe et de confort avec la seigneurie.

Le soir tombait. Le ciel était clair et scintillant d’innombrables étoiles, l’air, tranquille. Un silence profond régnait dans le village et sur l’immense plaine de neige, d’où émergeaient quelques saules rabougris et, à l’horizon, les bandes obscures des petits bois de sapins. Ce silence n’était que rarement interrompu par l’appel rauque d’un corbeau ou l’aboiement d’un chien.

Les spectres tristes des paysans glissaient sans bruit, vêtus de toile, plus rarement couverts de peaux de bêtes, sur leurs souliers de feutre, jusqu’à