Aller au contenu

Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 1, 1795.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

non, nous ne devions pas douter à-présent du désir qu’il avait de la ravoir, que dès qu’il la saurait hors de Vertfeuille, il ne manquerait pas d’envoyer chez Isabeau, et qu’alors au lieu de sauver Sophie, il est clair que je la sacrifiais ;… je me suis rendue ; nous avons donc décidé, un cloître à Orléans, où nous travaillerions à lui faire prendre le goût de la retraite, et à l’enchaîner au bout de quelques années par des vœux, si elle n’y sent aucune répugnance ; et ce sort, quelque dur qu’il puisse être, la dérobant à celui bien plus fâcheux sans doute que lui aurait réservé la vengeance de ses deux persécuteurs, nous parut décidément le plus sage de tous.

Il s’agissait de prévenir cette infortunée des changemens de son sort et de sa naissance, j’y prévoyais trop de chagrin pour vouloir m’en charger moi-même ; notre ami a rempli ce soin, après beaucoup de larmes, comme vous l’imaginez aisément, elle a d’abord témoigné quelque désir d’être