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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/281

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Je ne te peins point mon état, Valcour, tu te le représentes ;… à peine avais-je la force de lever les yeux ; mais tant d’importantes occupations exigeant mon courage, mon premier soin, comme tu le crois, a été de voler à Aline : elle était courbée sur sa mère : hélas ! il était difficile de savoir laquelle des deux vivait encore ; il n’y avait plus dans cette chère fille, ni poulx, ni respiration, ni chaleur ; et quand avec beaucoup de peine j’ai pu l’arracher des bras qui l’enlaçaient, elle est tombée sur le lit sans connaissance ; on est accouru, les soins se sont divisés, mais il n’en était plus besoin pour l’infortunée mère,… elle était déjà dans le séjour que l’Eternel doit à la vertu :… elle l’embellissait déjà.

On a porté Aline dans sa chambre, livrée aux soins de sa chère Julie et du médecin,… au bout d’une heure elle est revenue, et me trouvant au chevet de son lit, elle m’a demandé sa mère,… elle m’a dit avec égarement, que c’était moi qui la lui ravissais,… que c’était moi qui l’empêchait de