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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/325

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la plus haute de toutes les folies était de se chagriner, qu’il fallait savoir monter son ame à une sorte de stoïcisme, qui nous fit regarder avec indifférence tous les événemens de la vie ; que pour lui, loin de s’affliger de rien, il se réjouissait de tout, que si l’on examinait avec attention ce qui paraîtrait devoir, au premier coup d’œil, nous désoler le plus cruellement, on y trouverait bientôt un côté agréable ; qu’il s’agissait de saisir celui-là, d’oublier l’autre ; et qu’avec ce systême on parvenait à changer en roses toutes les épines de la vie :… que la sensibilité n’était qu’une faiblesse dont il était facile de se guérir, en repoussant de soi avec violence tout ce qui voulait nous assaillir de trop près, et en remplaçant avec vîtesse par une idée voluptueuse ou consolatrice, les traits dont le chagrin voulait nous effleurer ;… que cette petite étude n’était l’affaire que de très-peu d’années, au bout desquelles on réussissait à s’endurcir au point, que rien n’était plus capable de nous affec-