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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/150

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couverte des débris que sa chûte entraîne ; elle se croit morte. Cette chûte-ci, faite involontairement, avait été plus rude que l’autre ; les matériaux qui l’avaient suivis l’avaient même blessée en quelques endroits de son corps : elle était exactement fracassée. Oh ! Dieu ! dit-elle au désespoir, n’allons pas plus avant, restons là ; ce qui m’arrive est un avertissement du ciel… il ne veut pas que je poursuive ; mes idées me trompent sans doute : le mal est utile sur la terre ; et, quand Dieu le desire, c’est sûrement un tort que de s’y opposer. Mais la sage et vertueuse Justine, bientôt révoltée d’un systême, trop malheureux fruit de la corruption qui vient de l’entourer, se débarrasse courageusement des débris dont elle est couverte ; et, trouvant plus d’aisance à remonter par la brèche qu’elle vient de faire, à cause des nouveaux trous qui s’y sont formés, elle essaie encore, et se voit, en un instant, sur la crête. Tout cela l’avait écartée du chemin qu’elle avait apperçu ; mais l’ayant retrouvé des yeux, elle le gagne, et se met à fuir à grands pas. Avant la fin du jour, elle se trouve hors de la forêt, et bientôt sur ce monticule duquel elle avait jadis apperçu l’indigne maison dont elle