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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/167

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te voir aux prises avec mon époux. — Eh quoi ! madame, vous autorisez de telles horreurs ? — Il n’y en a aucune à partager les goûts de son mari ; il me le rend d’ailleurs, il est difficile de voir une plus intime liaison ; nous volons mutuellement au-devant de tout ce qui nous fait plaisir ; et comme nous avons les mêmes goûts… les mêmes moyens, nous nous satisfaisons l’un et l’autre. — Comment madame, le vol, le meurtre ? — Font mes plus doux amusemens, ma mie ; rien n’enflamme mes passions comme ces épisodes, et tu verras de quelle énergie sont nos jouissances, quand nous les goûtons ivres de sang, — Et ces servantes qui sont ici, madame, sont-elles aussi chargées d’avertir les voyageurs ? — Ce devoir honorable n’est réservé qu’à toi ; connaissant tes heureux principes, nous avons voulu les mettre en action ; les filles dont tu parles, sont nos complices, élevées dans le crime, le chérissant presqu’autant que nous, elles sont loin de l’envie d’en faire évader les victimes. Tu verras quelquefois mon mari s’en servir, mais sans aucune familiarité ; toi seule sera notre confidente ; toi seule sera l’amie de la maison ; ces créatures te serviront comme elles nous servent ; et c’est à notre table, et non