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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/181

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son imagination ; mais elle eut beau regarder, jamais rien ne put la convaincre de la réalité de ses soupçons. À supposer d’ailleurs que ce fût par une trappe, comment réussirait-elle à parer le coup ? Serait-ce en disant au voyageur d’éviter telle ou telle place ? Mais ne pouvait-il pas y avoir plusieurs trappes ? Le plancher même de l’appartement pouvait fort bien n’en former qu’une, et jamais on ne donnait d’autres chambres aux malheureuses victimes dévouées : dans cette cruelle perplexité, il lui paraissait même presqu’inutile d’avertir les gens. Elle communiqua cette réflexion à madame d’Esterval, qui l’assura qu’elle se trompait, et qu’assurément si elle était chargée de pareille commission, elle trouverait bien le secret de la faire réussir. — Oh ! madame, communiquez-moi donc votre moyen. — Ce serait altérer mes jouissances… ce serait me priver du plus grand de mes plaisirs. — De pareilles horreurs vous amusent ? — Il est délicieux de tromper un homme… de le voir expirer dans ses bras… il est divin de lui donner la mort au moment où il goûte le souverain plaisir : ce combat des Parques et de Vénus échauffe étonnamment la tête, et je t’assure que si tu voulais