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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/189

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aucun moyen de se défendre. Lorsqu’il arrivait à celle-ci de lui reprocher ses meurtres journaliers, mon enfant, lui disait-il, le mouvement est l’essence du monde ; cependant il ne peut y avoir de mouvement sans destruction ; donc la destruction est nécessaire aux loix de la nature ; donc celui qui détruit le plus, étant celui qui impose le plus de mouvement à la matière, est en même-tems celui qui sert le mieux les loix de la nature. Cette mère de tous les hommes leur a donné à tous un droit égal à toutes choses. Il est permis, dans l’ordre naturel, à chacun, de faire tout ce que bon lui semble contre qui que ce soit, et chacun peut posséder, se servir et jouir indistinctement de tout ce qu’il trouve bon. L’utilité est la règle de droit. Il suffit qu’un homme desire une chose, pour constater la nécessité dont elle lui est, et, du moment que cette chose lui est nécessaire, ou simplement agréable, elle est juste. La seule punition que nous devions recevoir d’avoir fait cette action, consiste dans la permission qu’un autre a de la commettre également envers nous. « La justice ou l’injustice d’une action, dit Hobbes, dépend du jugement seul de celui qui l’a faite, ce qui le tirera hors de blâme et justifiera son