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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/190

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procédé ». La seule cause de toutes nos erreurs vient de ce que nous prenons toujours pour les loix de la nature, ce qui ne vient que des coutumes ou des préjugés de la civilisation. Rien, au monde n’offense la nature ; la civilisation, plus irascible, est grevée presqu’à chaque instant ; mais qu’importent les lésions qu’elle reçoit ; c’est outrager un fantôme que d’offenser les loix des hommes. Ceux qui travaillèrent à cette civilisation avaient-ils mon consentement, et puis-je adhérer aux loix qui répugnent à ma conscience et à ma raison ?

Justine alors vantait à d’Esterval l’excellence de nos perceptions, et s’appuyant sur cette base chancelante, elle voulait faussement en induire l’admission du systême religieux. Je conviens, répondait d’Esterval, que nos perceptions, nos organes, d’une nature plus délicate que chez les animaux, nous ont conduit à croire l’existence de Dieu et l’immortalité de l’ame ; en conséquence nous nous écrions, comme vous le faites… Quelle meilleure preuve de la vérité de toutes ces choses que la nécessité où nous sommes de les admettre ? mais voilà précisément où gît le sophisme. Il est très-vrai que la sorte de construction que nous avons reçue de la nature,