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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/193

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une dose de volupté, bien forte, je le sens au chatouillement de mon cœur. — Et quels sont donc ces gens, dit Dorothée ? — Un malheureux ménage, composé du père, de la mère et de la fille. Le premier, vigoureux encore, pourra bien te servir, je l’espère… la maman… tiens… vois-la par cette fenêtre, trente ans au plus, de la blancheur… une jolie taille ; et quand à la fille… une beauté… treize ans… vois, vois sa figure enchanteresse… ô Dorothée ! quelle décharge !

Monsieur, dit le père en s’adressant respectueusement au patron, je crois devoir, avant que d’entrer, vous prévenir sur notre infortune ; elle est telle, qu’il nous deviendra impossible de payer notre dépense, quelque médiocre qu’elle puisse être. Nous n’étions pas nés pour le malheur : ma femme a reçu quelque bien ; je lui en apportais aussi ; d’affreuses circonstances nous ont ruiné ; et c’est en comptant sur la charité des maîtres d’auberge, que nous nous transportons chez un parent en Alsace, qui nous a promis quelques secours. — Le malheur… D’Esterval, dit Justine à l’oreille de l’aubergiste… oh ! d’Esterval, vous le respecterez, j’en suis sûre ! — Justine, dit le féroce hôtellier, conduisez ces