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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/195

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mademoiselle, puisque vous êtes assez bonne pour nous prévenir… puisque notre malheureux sort vous intéresse, tâchez de nous procurer des armes ; ce moyen, plus honnête et plus sûr, me suffira, j’en suis certain… — Des armes… n’y comptez pas, répondit Justine ; il n’en est aucune ici dont je puisse disposer. Essayez la fuite, c’est tout ce que je puis vous conseiller ; si elle ne vous réussit pas, tenez-vous sur votre lit, sans dormir ; cette position vous garantira peut-être d’une trappe, par laquelle vous devez enfoncer… Adieu, ne m’en demandez pas davantage.

On ne rend point la douleur de ce malheureux père ; aussi-tôt que Justine fut partie, il se jette dans les bras de sa femme : oh ! ma chère amie, s’écrie-t-il, à quel point nous poursuit l’infortune !… Mais rendons grâces au ciel ; c’est ici la dernière… elle va mettre le terme à nos maux, et des larmes amères les inondaient tous trois. Pour d’Esterval, l’œil tranquillement posé sur la fente de la cloison, il observait avec le calme de la scélératesse, et se branlait voluptueusement à toute l’horreur de ce spectacle… Fort bien, dit-il à Justine en l’arrêtant dès qu’il la vit sortir, tu t’es bien conduit cette fois, viens m’exciter, mon