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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/235

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tainement je ne risquerai pas ma vie pour vous servir, — Je n’entreprendrai rien de fait pour vous mettre dans ce cas, mademoiselle, dit cette pauvre femme, qui ne démêlait point encore les motifs de la rigueur affectée de Justine ; je ne vous demande que vos soins. — Ils seront à vous tous entiers, madame, reprit la nouvelle soubrette, mais rien au-delà. Et le comte, enchanté, serrant la main de Justine : À merveille ! mon enfant, lui dit-il bas ; tiens parole, et ta fortune est faite. Il lui fit voir ensuite la chambre qu’elle occuperait, attenante à celle de madame ; et lui fit observer après, que l’ensemble de cet appartement, fermé par d’excellentes portes, et entouré de doubles grilles à toutes ses ouvertures, ne laissait aucun espoir d’évasion. Voilà bien une terrasse, poursuivit Gernande en menant Justine dans un petit jardin de fleurs, qui se trouvait de plein-pied à cet appartement ; mais sa hauteur ne vous donne pas, je pense, l’envie d’en mesurer les murs. La comtesse peut y venir respirer le frais, tant qu’elle veut ; c’est la seule distraction que mes rigueurs lui laissent. Vous ne la quitterez point, tant qu’elle y sera ; vous y observerez toutes ses démarches, et m’en rendrez un fidèle compte. Adieu.