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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/236

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Justine revint auprès de sa maîtresse ; et c’est l’instant où elles s’observent, où elles s’examinent toutes deux, que nous allons choisir pour donner à nos lecteurs une idée de cette femme intéressante.

CHAPITRE XIV.


Ce qui se passe au Château. — Dissertation sur les Femmes.


Madame de Gernande, âgée de dix-neuf ans et demi, avait la plus belle taille, la plus noble, la mieux dessinée qu’il fût possible de voir ; pas un de ses gestes, pas un de ses mouvemens qui ne fût une grâce, pas un de ses regards qui ne fût un sentiment. Ses yeux étaient du plus beau noir, quoiqu’elle fût blonde ; rien n’égalait leur expression ; mais une sorte de langueur, suite de ses infortunes, les rendait mille fois plus intéressans encore. Elle avait la peau très-blanche et les plus beaux cheveux, la bouche très-petite, et les dents d’une fraîcheur… les lèvres d’un incarnat… on eût dit que l’Amour l’eût co-