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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/270

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Gernande sur-tout, sans s’inquiéter de son état, sans daigner jeter même un regard de pitié sur cette malheureuse victime de leur rage, sortent brusquement avec leurs mignons, laissant les vieilles et Justine mettre ordre à tout comme elles le voudront.

Telle est la situation où l’on peut le mieux juger les hommes : est-ce un novice emporté par la fougue de ses passions ? Le remords sera peint sur son visage, lorsqu’il examinera dans le calme les funestes effets de son délire. Est-ce un libertin gangrené de toute la corruption du vice ? de telles suites ne l’effrayeront pas ; il les observe sans peine comme sans regret… peut-être même encore avec quelques émotions de l’infâme volupté que produisit sa coupable ivresse[1].

Nos libertins, pourtant plus émus qu’énervés, en causant des plaisirs qu’ils viennent de goûter, retrouvent bientôt dans ces détails

  1. Mais si, comme l’on ne saurait en douter, le plus coupable devient le plus heureux, parce que ses plaisirs ne seront point troublés de remords, il résultera donc de-là que le crime contribuera plus au bonheur que la vertu. Quelle funeste conséquence pour les moralistes !