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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/284

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combien il approuvait les maximes sur les femmes que venait d’énoncer Gernande ; oh ! par ma foi, je crois maintenant votre conversion impossible. Aussi, ne conseillé-je à personne de l’entreprendre, répondit le comte ; l’arbre est trop vieux pour être plié : on peut faire, à mon âge, quelques pas de plus dans la carrière du mal… pas un dans celle du bien. Mes principes et mes goûts, d’ailleurs, font ma félicité ; depuis mon enfance, ils furent toujours l’unique base de ma conduite et de mes actions : peut-être irai-je plus loin, je sens que c’est possible ; mais pour revenir, non. J’ai trop d’horreur pour les préjugés des hommes ; je hais trop sincèrement leur civilisation, leurs vertus et leurs Dieux, pour y jamais sacrifier mes penchans.

Messieurs, dit ici la fougueuse d’Esterval, vous avez maltraité mon sexe ; mais les sentimens que j’ai toujours professés m’élèvent trop au-dessus de sa faiblesse, pour que je prétende au vain honneur de le défendre. Je suis un être amphibie, d’ailleurs, qui, comme vous l’avez vous-mêmes décidé, tient infiniment plus à votre sexe qu’à celui des femmes ; et vous avez dû vous en convaincre encore mieux, par la manière énergique dont je me