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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/286

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l’enfant, qui n’avait que quatorze ans, jeta des cris terribles, et versa des larmes. Abandonnez-nous ce giton, dit d’Esterval qui venait de se rapprocher de Bressac et qui commençait à opérer comme lui ; vous en avez tant ici, qu’un de plus ou de moins ne fera pas la moindre sensation. — Et qu’en ferez-vous, dit Gernande ? — Une victime, bien certainement, dit Bressac. — Une scène fort cruelle, si vous le voulez, dit d’Esterval. — Oui, dit Dorothée, mais il faut absolument que Justine et madame de Gernande soient les prêtresses du sacrifice. — Je l’entends bien ainsi, dit monsieur de Gernande, et si ma chère femme n’avait pas dans tout ceci sa petite portion de supplice, je ne sais si vous me trouveriez aussi complaisant… Allons, il ne s’agit que de passer chez elle. — Oh ! monsieur, dit la tendre Justine, songez-vous à l’état de madame ? — Je songe, dit Gernande en appliquant un vigoureux soufflet à Justine, que je vais te mettre dans le même état qu’elle, si tu t’avises de raisonner ; apprends, prude imbécille, continue ce taureau, que je te permets d’enchérir sur mes idées, quand ton imagination te le suggérera, mais que, sous peine de la vie, je te défends d’oser jamais les refroi-