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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 3, 1797.djvu/293

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croît de compagnie bien funeste pour ma pauvre maîtresse ; êtes-vous au fait de ce dont il s’agit, et vous est-il possible de le prévenir ? Je suis instruit, répondit Bressac, c’est un autre oncle à moi, un frère de ma mère comme Gernande, que je n’ai vu de ma vie, que l’on dit très-aimable et rempli d’esprit. — Oh ! monsieur, tous ces hommes d’esprit sont plus dangereux que les autres… raisonnant tous mieux leurs excès, ils s’y livrent avec moins de remords… il n’y a plus de ressources avec eux. Vous allez être réunis dans ce château quatre scélérats de la première espèce… Il s’y commettra des horreurs. — Je l’espère, dit Bressac, il n’est rien d’aussi délicieux que de pouvoir se trouver ainsi plusieurs amis du même goût et du même esprit ; on se communique ses idées, ses penchans ; les desirs des uns s’allument à l’irrégularité de ceux des autres ; on enchérit, on se surpasse, on s’encourage, et les résultats sont divins. — Ils seront affreux pour ma pauvre dame. — O Justine ! quel intérêt prends-tu donc à cette créature ? quand seras-tu lasse d’être toujours ainsi la dupe de ton cœur ? Si par hasard il arrivait que l’on complote ici quelque chose contre ma tante, n’irais-tu pas,