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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/101

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de nos revenus. Nos procédés, quoiqu’à-peu-près toujours les mêmes, varient cependant en raison des circonstances ; humbles et languissans, si nous nous trouvons les plus faibles ; insolens, escrocs et voleurs, dès que la force est de notre côté ». — Mais, vous ne tuez pas, au moins, messieurs, interrompit aussi-tôt la compatissante Justine, avec cette tendre effusion de cœur qui caractérisait si bien sa belle ame ? — « Assurément, ma chère, répondit le chef ; nous ne nous en faisons aucune difficulté, si l’on nous résiste, et que nous puissions nous convaincre qu’un coup de poignard ou de pistolet doive constater notre victoire. Le meurtre n’est pas pour nous d’une assez grande conséquence, pour que nous croyions pouvoir nous passer des moyens qu’il nous donne, si ces moyens assurent nos intérêts ; vous verrez souvent arriver ici, par le même chemin qui nous y mène, des individus qui n’y paraîtront que pour y perdre la vie. Après avoir fait une prise considérable sur quelqu’un, nous croyez-vous assez imprudens pour lui laisser la faculté de se plaindre et de nous découvrir ? Nous ne sommes cependant ni voleurs, ni assassins de profession ; notre unique métier est la gueuserie ; nous