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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/102

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mandions, et, d’après cela, nous suivons le cours des circonstances ; notre objet est de nous emparer du bien d’autrui ; nous parcourons la ligne indiquée, et, pourvu que nous réussissions, il devient ensuite à-peu-près égal que ce soit par telle ou telle voie. L’argent arrive dans le souterrain ; qu’il soit donné de bonne grâce ou enlevé de force, c’est sur quoi nous ne chicanons jamais ceux qui nous l’apportent. Avec une telle morale, avec une semblable profession, vous devez imaginer, ma fille, que toutes les espèces de vices doivent triompher parmi nous, et, certes, vous ne vous trompez pas, si telle est votre opinion. La gourmandise, l’ivrognerie, la fourberie, le mensonge, l’hypocrisie, l’impiété, et plus particulièrement la luxure et la cruauté, règnent ici comme dans leur empire ; et nos loix particulières, loin de sévir contre ces écarts, les alimentent et les entretiennent. Il est certain d’abord, ma chère fille, que votre âge et votre jolie figure, vont vous contraindre à satisfaire indifféremment tous les caprices, toutes les fantaisies de nos camarades, de quelque sexe, de quelqu’âge ou de quelque tournure qu’ils soient. Ces premiers feux appaisés, nous vous donnerons de l’emploi ; si nous vous reconnais-