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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/115

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Bientôt, lui dit un jour son protecteur, le tiers de nos gens qui se trouve en campagne va rentrer ; le détachement se renouvellera, j’en ferai partie ; demandez à me suivre, faites-vous donner l’éducation nécessaire à la réussite de ce projet : une fois hors de cet affreux séjour, nous n’y remettrons les pieds de la vie ; j’ai quelques ressources, nous en profiterons ; un village isolé nous recèlera, et nous y finirons nos jours avec bien plus de tranquillité qu’au milieu de ces scélérats, où notre mauvaise étoile nous place.

Oh ! combien j’aime ce projet, dit Justine avec enthousiasme ! sortez… sortez-moi de ce gouffre, monsieur, et je vous proteste de ne vous abandonner de la vie. — Je vous promets de vous tirer d’ici, Justine, je vous en fais le serment le plus authentique ; mais j’exige une condition. — Quelle est-elle ? — De voler la caisse en partant, de faire arrêter ensuite tous ces scélérats. — Le pourrons-nous, monsieur, après les avoir imité ? volez la caisse, puisque cela vous plaît, mais ne les dénonçons pas ; privons-les, s’il se peut, des moyens de mal faire… mais les faire punir !… oh ! Dieu, Dieu ! je n’y consentirai jamais. — Eh bien, dit Gareau, nous les volerons tout