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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/121

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état ; assurément cela est injuste : il n’en est point qui demande une connaissance plus entière du cœur-humain ; aucun qui exige plus de souplesse, plus d’intelligence et d’esprit ; nul, en un mot, qu’il faille exercer avec plus d’activité, d’étude et de soin ; pas un seul qui demande un plus grand fond de fausseté, de méchanceté, de dépravation et de fourberie.

Ne souffrez pas que les vrais pauvres se mêlent parmi vous ; ne les secourez, sur-tout, jamais ; brutalisez-les, au contraire ; menacez-les de les faire rosser par vos camarades, s’ils s’avisent de gêner votre commerce ; soyez aussi durs envers eux que les Crésus le sont avec nous.

Lorsque vous faites des courses dans les campagnes, et que les paysans vous donnent l’hospitalité, profitez de cela pour les voler, pour séduire ou enlever leurs enfans. Vous refusent-ils… vous traitent-ils mal, brûlez leur grange, empoisonnez leurs bestiaux. Tout est permis dans de tels cas ; la vengeance est le premier des plaisirs que nous laisse la méchanceté des hommes ; il faut en jouir.

Ces leçons de pratique et de morale bien inculquées, on donna à Justine un nouveau maître d’action, et dans peu de jours elle fut