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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/122

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jugée digne de jouer un rôle dans la célèbre troupe des mandians du Lyonnais.

Son éducation était à peine terminée, qu’un des membres du détachement qui était en campagne, vint prévenir que ses camarades revenaient avec des trésors usurpés à la charité des sots ; de ce moment le reste de la compagnie s’assembla, et les remplaçans furent nommés. Gareau eut d’une voix unanime le commandement de la petite armée, moyennant quoi Justine, dès que tout fut arrangé, fit demander au chef l’honneur de l’entretenir un moment en particulier.

Admise à une audience secrète, elle révéla à Gaspard des choses que celui-ci savait intiment mieux qu’elle. « Fille trop confiante, lui dit ce supérieur, comment avez-vous pu croire que dans une association comme la nôtre, la partie de l’espionnage ne fût pas une de celle que nos soins épurassent le plus ? Gareau s’est moqué de vous, et vous êtes tombée comme une bête dans le piège tendu à votre imbécillité. Notre confrère vous a proposé trois choses : nous voler, nous dénoncer et fuir. Vous m’avouez le vol, vous avez refusé la dénonciation, mais vous avez accepté la fuite ; n’en voilà-t-il pas plus qu’il ne faut