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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/132

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sur le carreau ; il y était à peine, que Séraphine parut avec le bagage du cavalier ; elle avait découvert le cheval ; et ne sachant pas ce que le maître était devenu, à tout évènement la gueuse apportait la valise. Voilà une excellente aventure, dit Gaspard en prouvant à ses camarades, que la prise s’élevait à plus de cent mille francs. Un tel frère est coupable, sans doute, puisqu’avec autant de richesses, il laisse son cadet exercer une aussi infâme profession. Il l’ignorait, répond Roger ; il me croyait depuis quatre ans en Amérique ; après l’action que je viens de commettre, il ne m’appartient pas de faire son éloge ; mais il ne vous en a point imposé, et rien n’est aussi certain que les services qu’il m’a rendus toute la vie. Le libertinage seul m’enchaîne à notre état, et certes, je ne l’exercerais pas, si j’avais profité de ses leçons, de ses conseils et des sommes dont sa libéralité me gratifia tant de fois ; n’importe ! je ne me repends point, mon action vous prouvera, mes camarades, que vos intérêts me sont plus chers que tous les liens de la nature, et que je sacrifierai toujours tout, dès qu’il s’agira de vous servir.

Le fratricide de Roger trouva beaucoup de