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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/159

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le vit monstrueux qui me perfore ; ce mouvement précipite l’extase de mon père… il décharge ; son confrère l’imite ; la posture se rompt, et quelques instans de calme viennent rafraîchir à-la-fois les sens et les esprits de nos libertins.

Buvons, dit mon père, les seuls excès de table produisent de bon foutre, et vous ne verrez jamais un véritable libertin qui ne soit ivrogne et gourmand. Donnes le meilleur vin que nous ayons, dit père Ives à Luce ; nous avons encore de la besogne à faire. Attends, dit Siméon, pendant que nous allons nous gorger de nourriture, il faut que ces deux enfans ne cessent de nous branler… et toute liberté pendant le repas… nous mangerons, nous boirons, nous pisserons, nous péterons, nous chierons, nous déchargerons… nous nous livrerons à-la-fois à tous les besoins de la nature. — Oui, foutre… oui, bougre-de-Dieu, dit père Ives déjà chancelant, il n’y a que cela de délicieux dans le monde ; quand on fait tant que de célébrer des orgies, il faut que tout y soit crapuleux… sale et cochon, comme le Dieu que l’on y révère ; il faut se vautrer dans l’ordure, à l’exemple des pourceaux, et ne chérir, comme eux, que la fange