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maîtresse du logis ; et le lendemain, sur deux mulets de louage, qu’escortait un valet de l’auberge, nos gens gagnent la frontière du Dauphiné, se dirigeant toujours vers les montagnes. La traite étant trop longue pour ne remplir qu’un jour, ils s’arrêtèrent à Virieu, où Justine éprouva les mêmes soins, les mêmes égards de son patron, et, le jour suivant, ils continuèrent leur marche, toujours dans la même direction. Sur les quatre heures du soir, ils arrivèrent aux pieds des montagnes ; là, le chemin devenant presqu’impraticable, Roland recommanda au muletier de ne pas quitter Justine, et tous trois pénétrèrent dans les gorges. Notre héroïne, que l’on faisait tourner, monter et descendre, depuis plus de quatre heures, et qui ne reconnaissait plus aucune trace de chemin, ne put s’empêcher de témoigner un peu d’inquiétude. Roland la démêle, et ne dit mot : un tel silence effrayait davantage cette malheureuse fille, lorsqu’elle apperçut enfin un château perché sur la crête d’une montagne, au bord d’un précipice affreux, dans lequel il semblait prêt à s’abîmer. Aucune route ne paraissait y tenir ; celle que l’on suivait, seulement pratiquée par des chèvres, remplie de cailloux de tous côtés, arri-