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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/177

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vait cependant à cet effrayant repaire, ressemblant bien plutôt à un asyle de voleurs, qu’à l’habitation de gens honnêtes.

Voilà ma maison, dit Roland, dès qu’il crut que le château avait frappé les regards de Justine ; et, sur ce que celle-ci lui témoignait son étonnement de le voir habiter une telle solitude : C’est ce qui me convient, lui répondit-il avec brusquerie. Cette réponse, comme on l’imagine aisément, redoubla les craintes de notre infortunée. Rien n’échappe dans le malheur ; un mot, une réflexion, plus ou moins prononcée chez ceux de qui l’on dépend, étouffe ou ranime l’espoir : mais, n’étant plus à même de prendre un parti différent, Justine se contint. Enfin, à force de tourner, l’antique mâzure se trouva tout-à-coup en face. Roland descendit de sa mule ; par ses ordres Justine en fait autant ; et, ayant remis ces montures au valet, il le paye, et le congédie. Ce nouveau procédé déplut encore : Roland le vit. Qu’avez-vous, Justine, demanda-t-il assez doucement, tout en s’acheminant vers son habitation ; vous n’êtes point hors de France ; cette maison est sur les frontières du Dauphiné ; elle dépend de Grenoble. — Soit, monsieur… mais, comment vous est-il venu