Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion, en bouleversant les principes de la nature, ne lui enlève pourtant pas ses droits ; elle créa dans l’origine des êtres forts et des êtres faibles, avec l’intention que ceux-ci fussent toujours subordonnés aux autres ; l’adresse, l’intelligence de l’homme varièrent la position des individus : ce ne fut plus la force physique qui détermina les rangs, ce fut l’or. L’homme le plus riche devint le plus fort, le plus pauvre devint le plus faible : à cela près des motifs qui fondaient la puissance, la priorité du fort fut toujours dans les loix de la nature, à qui il devenait égal que la chaîne qui captivait le faible fut tenue par le plus riche ou par le plus vigoureux, et qu’elle écrasât le plus faible ou bien le plus pauvre. Mais ces mouvemens de reconnaissance dont tu veux me composer des liens, elle les méconnaît, Justine ; il ne fut jamais dans ses loix que le plaisir où l’un se livrait en obligeant, devînt un motif pour celui qui recevait de se relâcher de ses droits sur l’autre : vois-tu, chez les animaux qui nous servent, d’exemples de ces sentimens que tu réclames ? Lorsque je te domine par mes richesses ou par ma force, est-il naturel que je t’abandonne mes droits, ou parce que tu as joui en m’obli-