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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/183

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pressions de sa douleur ne servent que d’amusement à son bourreau. Ah ! je t’en ferai voir bien d’autres, putain, dit Roland en venant frotter avec la tête de son vit les gouttes de sang que faisaient jaillir les coups qu’il continuait d’appliquer, tu n’es pas au bout de tes peines, et je veux que tu connaisses ici jusqu’aux plus barbares raffinemens du malheur. Il la laisse.

Six réduits obscurs, situés sous une grotte autour de ce vaste puits, et qui se fermaient comme des cachots, servaient pendant la nuit de retraite aux malheureuses dont on vient de parler. Dès que la nuit fut venue, on détacha Justine et ses compagnes, et on les renferma dans ces niches, après leur avoir servi le mince souper dont Roland avait fait la description.

À peine notre héroïne fut-elle seule, qu’elle s’abandonna tout à l’aise à l’horreur de sa situation. Est-il possible, se disait-elle, qu’il y ait des hommes assez durs pour étouffer en eux le sentiment de la reconnaissance ?… Cette vertu où je me livrerais avec tant de charmes, si jamais quelques ames honnêtes me mettaient dans le cas de la sentir, peut-elle donc être méconnue de certains êtres ? et ceux qui l’é-