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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/193

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tant pour un abominable Dieu qui t’écoute si mal ? et la plaçant, en disant ces mots, sur le bord du canapé qui faisait le fond de ce lieu sépulcral ; je te l’ai dit, Justine, reprit-il ; il faut que tu meures ; il se saisit de ses bras, il les lie sur ses reins ; puis il passe autour du cou de la victime un cordon de soie noire, dont les deux extrémités, toujours tenues par lui, peuvent, en se serrant à sa volonté, comprimer la respiration de la patiente et l’envoyer en l’autre monde dans le plus ou le moins de tems qu’il lui plaira.

Ce tourment est plus doux que tu ne penses, Justine, dit Roland ; tu ne sentiras la mort que par d’inexprimables sensations de plaisir ; la compression que cette corde opérera sur la masse de tes nerfs, va mettre en feu les organes de la volupté, c’est un effet certain. Si tous les gens, condamnés à ce supplice, savaient dans quelle ivresse il fait mourir, moins effrayés de cette punition de leurs crimes, ils les commettraient plus souvent et avec bien plus d’assurance. Quel être balancerait à s’enrichir aux dépends des autres, quand, à côté de la presque certitude de n’être pas découvert, il aurait, pour toute crainte dans le cas où il le serait, la complète