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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/206

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qu’elle le vit entrer un soir dans sa prison avec Suzanne. Viens, Justine, lui dit ce monstre ; il y a long-tems, ce me semble, que je ne t’ai fait descendre dans ce caveau qui t’a tant effrayée ; suivez-y-moi toutes les deux ; mais ne vous attendez pas à remonter de même : il faut absolument que j’en laisse une ; nous verrons sur laquelle tombera le sort. Justine se lève ; elle jette des yeux alarmés sur sa compagne ; elle la voit en pleurs… Le bourreau marche, il faut le suivre.

Dès qu’elles sont entrées dans le souterrain, Roland les examine toutes deux avec des regards féroces ; il se complaît à leur répéter leur arrêt, et à les convaincre à tout instant, l’une et l’autre, qu’assurément il en restera une des deux. — Allons, dit-il en s’asseyant, et en les faisant tenir droites devant lui, travaillez chacune à votre tour au désenchantement de ce perclus, et malheur à celle qui lui rendra son énergie. — C’est une injustice, dit Suzanne ; celle qui vous fera le mieux bander doit être celle à qui la grace est due. — Point du tout, répondit Roland ; dès qu’il sera prouvé que c’est celle qui m’irrite davantage, il devient constant que c’est elle dont la mort me donnera le plus de plaisir, et je