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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/248

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des crimes… de la nécessité dont ces actions sont au plan général de la nature, il serait donc possible de vaincre aussi facilement le remords qu’on sentirait après les avoir commises, comme il le deviendrait d’étouffer celui qui naîtrait de ta sortie de cette chambre, après l’ordre illégal que tu aurais reçu d’y rester. Il faut commencer par une analyse complète de tout ce que les hommes appellent crime ; par se convaincre que ce qu’ils nomment ainsi n’est que la très-juste infraction à leurs absurdes conventions sociales… que ce qu’on taxe crime en France cesse de l’être à deux cents lieues de-là : je dis plus ; que le même siècle voit souvent honorer sur sa fin, ce qu’on aurait puni dans son commencement. Quelle meilleure preuve de ce que je dis, que la révolution des empires, qui, se métamorphosant en république, couronne souvent le régicide qu’eut écartelé le despotisme ! Persuades-toi donc, en un mot, Justine, qu’il n’est aucune action qui soit considérée comme crime universellement dans le monde… aucune qui, vicieuse ou criminelle ici, ne soit louable et vertueuse à quelques milles de-là ; que tout est affaire d’opinion, de géographie, et qu’il est donc absurde de vouloir s’astreindre à