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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/274

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dans le cabinet des plaisirs de ce débauché, où les femmes, dès en arrivant, reçoivent l’ordre de se mettre nues.

Avant que de décrire les horreurs qui se commettaient dans ce séjour affreux, nous croyons nécessaire d’en peindre la décoration ; et, pendant que les robes se quittent, nous allons l’esquisser de notre mieux.

Ce vaste cabinet était de forme pentagone, rempli par cinq niches de glaces, au milieu desquelles était un sopha de satin noir ; les angles de chacune des niches étaient ceintrés, et contenaient, dans leurs seins, un petit autel, ayant sur son milieu un groupe de stuc, représentant une jeune fille nue sous la main, d’un bourreau. Chaque supplice étant différent, on en voyait par conséquent de dix sortes. Une fois dans ce local, il devenait impossible de savoir par où l’on était entré, attendu que la porte se trouvait masquée par les glaces des niches. Le plafond de ce cabinet était en vitrages ; la lumière n’y parvenait que du haut. Des rideaux de taffetas bleu-de-ciel retombaient sur ce dôme vitré, et formaient, pour la nuit, un délicieux plafond, du milieu duquel paraissait alors un soleil à huit rayons, dont le boudoir se trouvait infiniment mieux éclairé