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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/308

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Cela est vrai, répondit l’évêque ; ces systêmes m’échauffent l’imagination, et je sens que je serais le plus heureux des hommes, si je pouvais les mettre en pratique. — Il fut un tems où vous le pûtes, monseigneur, je le sais ; et que n’entreprîtes-vous pas peut-être alors ? — Cela est vrai, j’abusai furieusement de mon autorité. — Qui n’en abuse pas ? — Les sots ; eux seuls se maintiennent dans des digues inconnues à des gens tels que nous… Oh ! ma chère Dubois, quel délicieux tems tu me rappelles ! comme on menait alors cette cour corrompue ! comme on y abusait de son crédit ! Et comme Dubois s’apperçut que l’évêque se manuélisait à ces doux souvenirs : Tenez, monseigneur, lui dit-elle, voilà Justine, ne la faites pas languir plus long-tems ; la situation dans laquelle elle est vous prouve à quel point l’attente de la mort est affreuse ; à peine peut-elle se soutenir. Mais, quelque soit son état, rappelez-vous bien que vous m’avez promis de servir ma vengeance ; c’est l’unique gratification que je vous demande, et vous la servirez bien mal, en ne condamnant cette fille qu’au médiocre supplice qui vient d’être employé pour Eulalie. Eh bien ! dit le prélat en palpant la victime, en lui claquant les