Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pitié ; je m’en corrigerai ; la voilà, messieurs, la voilà, Dieu me garde de m’intéresser à un tel monstre ; je l’abandonne à la sévérité des loix, et vous supplie de cacher avec soin le malheur que j’ai eu de la croire un instant.

Justine voulut se défendre ; elle voulut dénoncer la vraie coupable ; ses discours furent traités de récriminations calomniatrices, dont l’insolente Dubois ne se défendit qu’avec un sourire méprisant. O funestes effets de la misère et de la prévention, de la richesse et de l’audace ! était-il possible qu’une femme qui se faisait appeler madame la baronne de Fulconis, qui affichait le luxe, qui se donnait des terres, une famille, se pouvait-il qu’une telle femme pût se trouver coupable d’un crime où elle ne paraissait pas avoir le plus mince intérêt ? tout, au contraire, ne condamnait-il pas l’infortunée Justine ! Pauvre et sans protection comment n’eût-elle pas eu tort ?

L’exempt lui lut les plaintes de la Bertrand ; c’était elle qui l’avait accusée. Selon cette mégère, notre orpheline avait mis le feu à ce logis, pour la voler plus à son aise ; elle l’avait été jusqu’au dernier sou ; c’était Justine qui avait jeté l’enfant dans le feu, pour que le désespoir où cet évènement allait plonger