Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la mère, lui voilât le reste des manœuvres. C’était d’ailleurs, ajoutait la Bertrand, une fille de mauvaise vie que cette Justine, une créature échappée au gibet de Grenoble, et dont elle ne s’était chargée que par excès de complaisance pour un jeune homme, amant présumé de la délinquante, laquelle, pour surcroît d’impudence, avait impunément racroché des moines à Lyon. En un mot, il n’était rien dont cette indigne Bertrand n’eût profité pour perdre Justine, rien que la calomnie, aigrie par le désespoir, n’eût inventé pour l’avilir. À la sollicitation de cette femme on avait fait un examen juridique sur les lieux mêmes ; le feu avait commencé dans un grenier à foin où plusieurs personnes avaient déposé que Justine était entrée le soir de ce jour funeste ; et cela était vrai : desirant un cabinet d’aisance mal indiqué par la servante à laquelle Justine s’adressa, elle était entrée dans ce galetas, ne trouvant point l’endroit cherché, et y était restée assez de tems pour faire soupçonner ce dont on l’accusait, ou pour fournir au moins des probabilités. Elle eut donc beau se défendre, l’exempt ne répondit qu’en apprêtant des fers. Mais, monsieur, osa-t-elle dire cependant, si j’avais volé ma compagne