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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/333

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ma belle enfant, dit le moine en se retirant, je n’ai jamais su violenter une femme quand il s’agissait de la rendre heureuse. La vertu vous a si bien réussi jusqu’à présent, que vous avez raison d’encenser ses autels… Adieu ; ne vous avisez pas sur-tout de me redemander davantage… Il sortait ; un mouvement impétueux rentraîne Justine à ses genoux ; tigre, s’écrie-t-elle en larmes, ouvre ton cœur de roc à mes affreux revers, et n’impose pas, pour les finir, des conditions plus terribles que la mort. Ici la violence de ses mouvemens avait fait disparaître les voiles qui couvraient son sein… il était nu, ses beaux cheveux y flottaient en désordre, ce sein d’albâtre était inondé de ses larmes ; elle inspire d’exécrables desirs à cet homme… d’indignes caprices que le scélérat veut satisfaire à la minute même ; il ose montrer à quel point la luxure le tourmente ; il ose concevoir des voluptés au milieu des fers dont cette malheureuse est couverte… Il bande sous le glaive qui va frapper Justine… Elle était à genoux, le coquin la renverse, il se précipite avec elle sur la malheureuse paille qui lui sert de lit ; elle veut crier, il lui enfonce un mouchoir dans la bouche, il attache ses bras ; maître d’elle, le libertin la trousse… Oh !