Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de souffrir, et tout ce qui l’attend encore ; ce seront comme autant d’expiations du crime affreux qui la livre aux loix. Reprenez vos habits, ma fille, poursuivit ce monstre ; il n’est pas encore jour ; les deux hommes qui vous ont amenée vont vous reconduire dans votre prison… Justine voulut dire un mot ; elle voulut se jeter aux genoux de ces ogres, ou pour les adoucir, ou pour leur demander la mort. On ne l’écoute seulement pas ; les filles l’insultent, les hommes la menacent ; elle est entraînée, rejetée dans sa prison, où le geolier la reçoit, avec le même mystère qu’il venait de l’en faire sortir. Couchez-vous, lui dit ce Cerbère en la repoussant dans sa chambre ; et si jamais vous vouliez révéler, à qui que ce fût, ce qui vous est arrivé cette nuit, souvenez-vous que je vous démentirais, et que cette inutile accusation ne vous tirerait pas d’affaires. — Oh ! ciel, s’écria Justine dès qu’elle fut seule ; eh quoi ! Je regretterais de quitter le monde ! je craindrais d’abandonner un univers composé d’aussi grands scélérats ! ah ! que la main de Dieu m’en arrache à l’instant même, de telle manière que bon lui semblera, je ne m’en plaindrai plus ! La seule consolation qui puisse rester au malheureux, né