Aller au contenu

Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cuser de meurtre… de vol, de je ne sais quelles autres horreurs… Et Cardoville, profitant de la colère où de si atroces calomnies plongeaient notre malheureuse orpheline, ordonna au greffier d’écrire qu’elle avouait toutes ces inculpations, par son silence et par les impressions de sa figure.

Justine au désespoir se précipite à terre, elle fait retentir la voûte de ses cris ; elle frappe sa tête contre les carreaux, à dessein d’y trouver une mort plus prompte ; et, ne rencontrant point d’expressions à son affreuse douleur : Scélérat ! s’écrie-t-elle, je m’en rapporte au Dieu juste qui me vengera de tes crimes ; il démêlera l’innocence, et te fera repentir de l’indigne abus que tu fais de ton autorité. Cardoville sonne ; il dit au geolier de rentrer l’accusée, attendu que, troublée par sa fureur et par ses remords, elle n’est pas en état de suivre l’interrogatoire ; mais qu’au surplus, les charges sont complètes, puisque la coupable convient de tous ses crimes… Le monstre sort en paix !… La foudre ne l’écrase point !

L’affaire alla bon train ; conduite par la haine, par la vengeance et par la luxure, Justine fut promptement condamnée.