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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/85

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même ; et le bonheur qu’elle promet à ceux qui l’auront servie sur la terre, ne sera que la possibilité de voir ou de faire des heureux dans le ciel. Toutes les vertus naissent de celle-là, monsieur, on est meilleur père, meilleur fils, meilleur époux, quand on connaît le charme d’adoucir l’infortune. Ainsi que les rayons du soleil, on dirait que la présence de l’homme charitable répand sur tout ce qui l’entoure, la fertilité, la douceur et la joie ; et le miracle de la nature, après ce foyer de la lumière céleste, est l’ame honnête, délicate et sensible, dont la félicité suprême est de travailler à celle des autres.

Phœbus que tout cela, Justine, répondit cet homme cruel, les jouissances de l’homme sont en raison de la sorte d’organes qu’il a reçu de la nature ; celles de l’individu faible, et par conséquent de toutes les femmes, doivent porter à des voluptés morales plus piquantes pour de tels êtres que celles qui n’influeraient que sur un physique entièrement dénué d’énergie. Le contraire est l’histoire des ames fortes, qui, bien mieux délectées des chocs vigoureux imprimés sur ce qui les entoure, qu’elles ne le seraient des impressions délicates ressenties par ces mêmes êtres exis-