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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/86

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tans auprès d’eux, préfèrent inévitablement, d’après cette constitution, ce qui affecte les autres en sens douloureux à ce qui ne toucherait que d’une manière plus douce : telle est l’unique différence des gens cruels aux gens débonnaires ; les uns et les autres sont doués de sensibilité, mais ils le sont chacun à leur manière. Je ne nie pas qu’il n’y ait des jouissances dans l’une et dans l’autre classe ; mais je soutiens, avec beaucoup de philosophes, que celles de l’individu organisé de la manière la plus vigoureuse, seront incontestablement plus vives que toutes celles de son adversaire ; et ces systêmes établis, il peut, et il doit, se trouver une sorte d’hommes qui trouve autant de plaisir dans tout ce qu’inspire la cruauté, que les autres en goûtent dans la bienfaisance ; mais ceux-là seront des plaisirs doux, et les autres des plaisirs fort vifs. Les uns seront les plus sûrs, les plus vrais, sans doute, puisqu’ils caractérisent les penchans de tous les hommes encore au berceau de la nature, et des enfans même, avant qu’ils n’aient connu l’empire de la civilisation ; les autres ne seront que l’effet de cette civilisation, et par conséquent des voluptés trompeuses et sans aucun sel. Au reste, mon en-