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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/87

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fant, comme nous sommes moins ici pour philosopher que pour consolider une détermination, ayez pour agréable de me donner votre dernier mot… Acceptez-vous, ou non, le parti que je vous propose ? — Assurément je le refuse, monsieur, répondit Justine en se levant ; je suis bien pauvre… oh ! oui, bien pauvre, monsieur ; cependant, plus riche des sentimens de mon cœur que de tous les dons de la fortune, jamais je ne sacrifierai les uns pour posséder les autres ; je saurai mourir dans l’indigence, mais je n’outragerai point la vertu. — Sortez, dit froidement cet homme détestable, et que je n’aie pas sur-tout à craindre de vous des indiscrétions, vous seriez bientôt mise en un lieu d’où je n’aurais plus à les redouter.

Rien n’encourage la vertu comme les craintes du vice. Bien moins timide qu’elle ne l’aurait cru, Justine, en promettant à ce scélérat qu’il n’aurait rien à redouter d’elle, lui rappela qu’il devait au moins lui rendre l’argent qu’il lui avait dérobé. Vous devez bien sentir, monsieur, lui dit-elle, que cet argent me devient indispensable dans la situation où je suis, et je vous crois trop juste pour me le refuser. Mais le monstre répondit durement qu’il ne tenait