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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/88

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qu’à elle d’en gagner, et qu’aussi-tôt qu’elle ne s’en souciait pas, il ne devenait nullement obligé de la secourir. Non, monsieur, répondit-elle avec fermeté, non, je vous le répète, je périrais mille fois plutôt que de sauver mes jours à ce prix. Et moi, dit Saint-Florent, il n’y a de même rien que je ne préfère au chagrin de donner mon argent sans qu’on le gagne. Cependant, malgré l’insolence de votre refus, je veux bien encore rester un quart-d’heure avec vous ; passez dans ce boudoir, et quelques instans d’obéissance vont remettre vos fonds dans un meilleur ordre. Je n’ai pas plus d’envie de servir vos débauches dans un sens que dans un autre, monsieur, répondit froidement Justine ; ce n’est point la charité que je vous demande, je ne vous procure pas cette jouissance ; ce que je réclame, est ce qui m’est dû… ce que vous m’avez volé de la plus insigne manière : gardes-le, homme cruel gardes-le, si bon te semble ; vois sans pitié mes larmes ; entends, si tu peux sans t’émouvoir, les tristes accens du besoin, mais souviens-toi que si tu te permets cette nouvelle infamie, j’aurai, au prix de ce qu’elle me coûte, acheté le droit de te mépriser à jamais.

Justine aurait dû se souvenir ici que la