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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/96

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impudique de ce monstre de luxure, en faisant renaître un peu de tranquillité, donne aux victimes le tems de se remettre.

Justine, dit Saint-Florent au bout d’un moment de calme, je vous ai dit combien il importait à mes jouissances nouvelles que l’objet des anciennes disparût aussi-tôt que je m’en étais rassasié. Me jurez-vous de quitter à l’instant Lyon ? À cette condition seule je vous rends votre liberté : si, dans deux heures, vous êtes encore dans la ville, vous pouvez être sûre qu’une éternelle prison punira votre désobéissance. — Oh ! monsieur, je n’y serai plus… je vais obéir, monsieur ; soyez-en bien sûr… ouvrez-moi les portes ; vous ne me reverrez de vos jours. — Et la pauvre fille, se r’habillant aussi-tôt, retraverse, avec promptitude, une maison où on la traite aussi cruellement, la quitte… vole à son auberge, dont elle sort quelques heures après, pour aller coucher au-delà du Rhône. — Oh ! ciel, dit-elle en s’enfuyant… quelle dépravation ! quelle horreur !… C’est au sein des larmes et de l’infortune que le monstre allume ses lubricités… Malheur… cent fois malheur à l’être dépravé qui peut soupçonner des plaisirs sur un sein que le besoin consume… qui cueille