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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 4, 1797.djvu/99

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vait, Chacun l’environne… l’admire, chacun lâche son mot ; et tout ce que Justine continue de voir et d’entendre, achève de la convaincre qu’elle est dans la plus mauvaise compagnie. Monsieur, dit-elle en tremblant au capitaine, n’y a-t-il point d’indiscrétion à vous prier de me dire avec quelles personnes je me trouve ? Je vous entends disposer de moi sans mon aveu ; les loix de la décence et de l’équité ne vous règlent-elles donc pas ici comme sur la surface de la terre ? — Mignone, dit le chef, commences par manger ce biscuit en avalant un verre de vin ; écoutes-nous ensuite, et tu vas apprendre à-la-fois quels sont les gens chez qui tu es… quel est l’emploi qu’ils te préparent. Notre héroïne, un peu plus tranquille, d’après l’honnêteté de ce procédé, accepte ce qu’on lui présente, s’asseoit, et prête l’oreille.

« Les individus, au milieu desquels ton étoile te place, dit le capitaine après avoir reniflé deux prises de tabac, sont ce que l’on appelle des mandians. C’est nous, ma fille, qui, après avoir converti la gueuserie en art, réussissons, par nos secrets et notre éloquence, à si bien émouvoir la commisération des hommes, que nous vivons à leurs dépens, toute