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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/115

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père, il s’aveugla sur votre naissance… C’est à moi seul que vous la devez ; une tache, de café, au-dessous du sein droit, prouve ce que j’avance… Juliette, portez-vous cette marque ? — Oui monsieur. — Reconnais donc ton père, ame insensible et froide ! ou si tu balances encore, parcours avec plus d’attention ces papiers, ils éclairciront tous tes doutes. Après la mort de ta mère… mort affreuse… fruit de la scélératesse d’un certain Noirceuil, avec lequel tu oses, quoiqu’instruite, avoir des liaisons, et qui serait roué demain si nous avions des preuves (elles nous manquent malheureusement)… Après cette mort, dis-je, toutes les infortunes possibles sont venues fondre sur ma tête : mon bien fut englouti avec celui de ta mère ; il y a dix-huit ans que je ne vis que des charités publiques ; mais je te retrouve, Juliette ; tous mes malheurs sont finis… Monsieur, dis-je, j’ai ma sœur, que des préjugés vaincus par moi retiennent sans doute dans la misère ; est-ce aussi de vous qu’elle tient la vie ? — Justine. — Oui monsieur. — Assurément elle est aussi ma fille, rien ne put vaincre le penchant qu’eût pour moi ta mère de tout tems, et j’ai toujours