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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/118

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que par un entêtement ridicule, vous ne vouliez me contraindre, en restant malgré moi, à vous faire jeter par les fenêtres ; et je me lève aussitôt pour sonner : mais Bernole, se précipitant au-devant de moi…… Enfant ingrat, s’écrie-t-il, ne me punis pas d’une faute que j’ai pleuré toute ma vie ; si ta naissance n’est pas légitime, en es-tu moins sortie de mon sang, et m’en dois-tu moins des secours ? Que les accens plaintifs de la misère et du désespoir remplacent, s’il est possible, dans ton ame endurcie, les sentimens que la nature paraît avoir oublié d’y mettre ; et se courbant à mes genoux, qu’il arrose de larmes, Juliette, s’écrie-t-il, tu nages au milieu des richesses, et ce n’est que du pain que demande ton malheureux père ! soulage les malheurs de l’amant de ta mère ! respecte le seul homme qu’ait aimé celle qui t’a portée neuf mois dans son sein ! et si tu ne veux pas que le ciel te punisse, ne ferme pas ton cœur aux accens plaintifs de l’infortune.

Il y avait sans doute beaucoup de pathétique dans ce que m’adressait ce malheureux homme ; mais il existe des ames qui s’endurcissent au lieu de s’émouvoir aux efforts de