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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/121

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deux chez moi ce jour là : je demandai à celui-ci s’il avait connaissance d’un certain Bernole, se disant l’amant de ma mère, et convaincu de m’avoir donné le jour ?… Oui me dit Noirceuil, j’ai connu cela ; il avait des fonds chez ton père, perdus avec ceux de ta famille, et perdus par mes soins. Je me souviens que ce Bernole était effectivement fort bien avec ta mère, qu’il la regretta beaucoup, et que ce n’est pas sa faute si je n’ai pas été pendu… il faut se défaire de ce drôle-la… Assurément, dit le ministre, Juliette n’a qu’à dire, nous le ferons coucher ce soir à la Bastille… Non, non, dit Noirceuil, il faut faire de cela une scène pathétique. — Assurément, répondis-je, des cachots sont trop doux pour de tels scélérats… Noirceuil et vous, Saint-Fond, vous savez à quel point vous avez travaillé mon ame, croyez qu’en cette occasion elle ne se montrera pas au-dessous de vos leçons ; puisque nous faisons tant que de commettre un crime, faisons-le bon : il faut que ce coquin-là périsse de ma main, pendant que vous jouirez de moi. Oh ! Juliette, s’écrie le ministre déjà bien pris de vin de Champagne !… tu es délicieuse ! et se déculottant… vois