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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/125

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main sur ses cuisses ; toi que j’adore, hélas ! poursuivis-je, en redoublant de chaleur, ne te refuses pas à mon empressement ; viens rendre une seconde fois à la vie celle qui se glorifie de la tenir de toi : je dus ma première existence à l’amour, laisse-moi lui devoir la seconde ; laisse embellir par lui, les jours qu’il a formés. Oh ! mon ami je le sens, je ne puis plus exister sans toi. Une gorge blanche et fraîche, qui se découvre alors comme par hasard, des yeux pleins de langueur et de volupté… des mains s’égarant au point de déboutonner la culotte paternelle, et de secouer avec art l’instrument à demi bandé qui m’a donné le jour, tout réveille à la fin les passions timides de Bernole… Oh ! grand Dieu, s’écrie-t-il, quels assauts… et comment puis-je y résister ? Comment repousser la vivante image de celle que j’adorai jusqu’au dernier soupir. — Tu la retrouves en moi, Bernole, la voilà celle que tu aimas… elle respire ; achève de la rendre à la vie, par les tendres baisers que sa bouche implore ; tiens, vois l’état où tu me mets, ajoutai-je, en me troussant et me précipitant sur un canapé… oui, vois-le cet état cruel et résistes-y, si tu l’oses.