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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/138

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tems si elle est prude ou bégueule : tâchez, Juliette, que cette éducation vous fasse honneur, et soyez bien assurée que vos peines ne seront pas perdues. Monsieur, dis je au ministre, vous savez que de pareilles leçons ne peuvent se donner qu’entre deux draps. C’est bien ainsi que je l’entends, dit Saint-Fond : moi de même très-assurément, dit Noirceuil ; peut-on instruire une fille sans coucher avec elle, dit Clairwil ? Aussi, reprit Noirceuil, notre chère Juliette couchera-t-elle avec ma femme aussi souvent que bon lui semblera.

St.-Fond nous entretint ensuite d’un projet cruel de dévastation qu’il, avait conçu pour la France. Nous craignons, nous dit-il, une prochaine révolution dans le royaume ; nous en voyons le germe dans une population beaucoup trop nombreuse. Plus le peuple s’étend, plus il est dangereux ; plus il s’éclaire, plus il est à craindre : on n’asservit jamais que l’ignorance. Nous allons, poursuivit le ministre, supprimer d’abord toutes ces écoles gratuites, dont les leçons se propageant avec rapidité, nous donnent des peintres, des poëtes et des philosophes, où il ne doit y avoir que des crocheteurs. Quel besoin tous