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Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 7, 1797.djvu/140

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peuple à se dévorer lui-même. Nous espérons beaucoup de ce moyen. Il est arrêté dans le conseil parce qu’il est prompt, infaillible, et qu’il nous couvre d’or…

Il y a bien long-tems, poursuivit le ministre, que pénétré des principes de Machiavel, je suis infiniment persuadé que les individus ne sont rien en politique ; machines secondaires du gouvernement, les hommes doivent travailler à la prospérité de ce gouvernement, et jamais le gouvernement ne doit travailler à celle des hommes. Tout gouvernement qui s’occupe de l’homme est faible, il n’y a de vigoureux que celui qui se compte pour tout, et les hommes pour rien : le plus ou le moins d’esclaves dans un état est indifférent ; ce qui est essentiel, c’est que la chaîne pèse lourdement sur le peuple, et que le souverain soit despôte. Rome fut languissante et faible tant qu’elle voulut se gouverner elle-même ; elle maîtrisa la terre quand des tyrans envahirent l’autorité ; c’est dans le souverain seul que doit être considérée toute la force, et puisque cette force n’est que morale, dès que physiquement le peuple est le plus puissant, ce ne doit donc être que par une suite non